• Le procès d'Outreau: le juge coupable

    La France est un pays qui cultive une particularité bien étonnante.

    A partir de l'instant où vous travaillez dans un domaine public (juge, ministre, par exemple), vous avez un droit à l'erreur quasi infini.

    Dans le cas de l'affaire d'Outreau, des familles ont été détruites. Des enfants séparés de leurs parents.Un homme s'est suicidé. L'horreur. Tout selon parce que le bon vouloir d'un juge, à qui des pouvoirs régaliens ont été conférés, et qui n'a pas à se demander si ce qu'il fait est bien ou mal, exagéré où non.

    A l'époque où un médecin est attaquable par la justice à la moindre de ses défaillances, je milite sans réserve aucune pour une responsabilité totale et personnelle des gens à qui on a confié ce genre de pouvoir. Qui sont payés avec nos deniers et à qui nous n'avons rien le droit de reprocher.

    Ce petit juge s'est donné un plaisir monstrueux à torturer des dizaines de personnes. Sa passion l'a emporté sur la raison, la médiatisation sur l'enquête. Ce n'est pas l'Etat à qui on doit demander l'intégralité des dommages. C'est aussi à lui. Qu'il soit suspendu, ruiné comme il a ruiné des vies sans remords. Qu'il soit attaqué, que la procédure le broie comme il n'a pas hésité à broyer ces gens. Qu'il paie, comme vous ou moi aurions payé pour bien moins que cela.

    Si la responsabilité personnelle était la règle, bien des gens y réfléchiraient à deux fois. Imaginez un ministre qui verrait sa carrière politique s'arreter net suite à une erreur d'appréciation, car chacune de ces erreurs coûte des millions d'euros au contribuable. La France est une grande entreprise dont les dirigeants bénéficient tous d'une immunité et d'un droit à l'erreur illimité.

    Je pense que l'affaire d'Outreau fait un mal fou à la démocratie que nous sommes. Car ce petit juge ne s'est pas comporté en démocrate mais comme un Pinochet de bas-étage. Il est trop facile, derrière son bureau, profitant d'un énorme pouvoir, connaissant son impunité, de décider, comme ça, d'un coup de stylo, d'une parole, de détruire, finir, désespérer, appeurer de malheureux innocents. C'est du sadisme ou je ne m'y connais pas.

    A l'heure où un débat agite la classe politique pour savoir si oui, ou non, nous allons voter pour une constitution européenne à laquelle nous ne comprenons strictement rien, que notre République donne là un exemple où elle montrera sa proximité envers le citoyen.


  • Commentaires

    1
    Tschok
    Mardi 14 Septembre 2004 à 14:35
    Salut Enervé
    Allez, petit quart d'heure intello. Ce que tu dis, comment ne pas le penser, avec autant de colère que toi, et même plus? Mais attention, la justice repose sur la notion de juge impartial (qui n'est pas partie au procès). La mise en jeu excessive de la responsabilité individuelle du juge conduit à en faire une partie au procès, donc à trangresser le principe d'impartialité. Reste la responsabilité de l'Etat pour les fautes commises par les juges. C'est une responsabilité pécuniaire. On ne peut pas faire mieux que cela sur le plan du principe, mais on peut certainement améliorer les procédures d'indemnisation. Des efforts ont été faits dans ce domaine, bcp reste encore à faire.
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